Résultats de l’enquête réalisée auprès des coordinateur·rice·s nationaux·ales de 2021
En 2020, les coalitions nationales de Publiez Ce Que Vous Payez (PCQVP) ont été mises à rude épreuve face à la COVID-19, en raison de baisses de financements et de capacités, ainsi que de la répression grandissante de l’espace civique. Malgré ces contraintes, elles ont continué à avoir un impact significatif en termes de plaidoyer et à progresser vers la réalisation de la stratégie collective de PCQVP, qui consiste à être informé·e·s, influent·e·s, entendu·e·s et connecté·e·s. Grâce à ces informations cruciales, recueillies dans le cadre d’une enquête réalisée auprès des coordinateur·rice·s nationaux·ales, nous pouvons mesurer les progrès accomplis par rapport aux objectifs et ainsi déterminer les adaptations nécessaires à notre stratégie.
Forger une compréhension commune des défis et des impacts
Au sein du secrétariat international de PCQVP, notre objectif consiste à consolider nos efforts et ceux des membres de PCQVP pour suivre et évaluer notre travail afin d’en tirer des enseignements. L’enquête annuelle réalisée auprès des coordinateur·rice·s nationaux·ales contribue à l’établissement d’une compréhension commune des défis que rencontrent les membres et des impacts de leurs efforts en matière de plaidoyer, tout en renforçant notre capacité à articuler les progrès réalisés collectivement.
L’enquête pour l’année 2021 a été menée en avril et consistait à interroger les coordinateur·rice·s nationaux·ales sur les activités menées et les résultats obtenus par leur coalition l’année précédente, à l’issue de la première année complète depuis le déploiement de la stratégie collective 2020-2025. Quarante-quatre des 51 coordinateur·rice·s y ont répondu. Une enquête similaire avait été commanditée début 2020, permettant une comparaison entre les résultats d’une année sur l’autre.
Cette première année n’a pas été facile. Trente-sept coordinateur·rice·s ont rapporté que la capacité de leur coalition à défendre ses intérêts avait été troublée par la COVID-19, avec des répercussions allant de la réduction de la capacité à réunir les membres et les communautés, à l’utilisation de la pandémie par les gouvernements pour restreindre davantage l’espace civique. Certain·e·s coordinateur·rice·s ont signalé la suspension des processus de redevabilité. L’épuisement des membres a également été mentionné. En outre, les coordinateur·rice·s ont été confronté·e·s à une double contrainte, en raison de l’interdiction des réunions physiques et de la faiblesse des infrastructures de communication, empêchant de fait les réunions virtuelles.
Des victoires pour PCQVP en 2020 malgré la COVID-19
Malgré ces défis, la plupart des coordinateur·rice·s nationaux·ales indiquent que leur coalition a continué à mener des actions de plaidoyer sous une forme adaptée et 37 d’entre eux·elles ont affirmé que leur coalition avait eu un impact en 2020. Les coordinateur·rice·s ont mentionné plus de 40 exemples d’impacts en matière de plaidoyer relevant de l’amélioration de la gouvernance, ou encore de l’obtention de changements systémiques ou de de nouvelles divulgations. L’enquête donne un aperçu de ces impacts au sein du réseau, alors que nous nous tournons vers d’autres processus d’apprentissage pour comprendre plus en profondeur comment nos victoires en matière de plaidoyer conduisent à une meilleure redevabilité et à des résultats positifs pour les citoyen·ne·s.
Il est impressionnant de constater que, malgré les restrictions, les coalitions nationales ont réalisé des progrès certains en vue de l’objectif stratégique consistant à ce que les communautés et les groupes exclus disposent d’un meilleur accès à la prise de décision, en rapportant 32 exemples de progrès attestant du renforcement de ce type d’accès.
Les exemples sont nombreux, qu’il s’agisse du Togo, où les membres de PCQVP ont permis aux communautés d’identifier les règlements précis qui avaient été enfreints, ou de Madagascar, où les communautés ont réussi à demander des comptes à des entreprises pour la pollution causée par l’exploitation minière. En République démocratique du Congo, les femmes ont obtenu le pouvoir de participer au contrôle du budget, entraînant l’identification de phénomènes de corruption à l’échelle locale, alors que les communautés indonésiennes ont été équipées pour surveiller et signaler la déforestation due à l’exploitation minière se déroulant dans les zones protégées. En Irak, des femmes et des jeunes ont participé pour la première fois à des activités de plaidoyer, ainsi qu’à des débats publics sur la gouvernance des industries extractives.
PCQVP, un réseau de plus en plus connecté
La COVID-19 n’a pas freiné l’ambition stratégique collective de PCQVP visant à devenir plus connectée, les coalitions ayant progressé dans l’intégration de leur travail avec les coalitions-sœurs grâce à des plans et des actions de plaidoyer communs. Par ailleurs, un nombre de coordinateur·rice·s nationaux·ales plus important que précédemment a déclaré que leur coalition avait adopté une approche différente après avoir été inspirée par d’autres coalitions de PCQVP.
Les commentaires des coordinateur·rice·s suggèrent que les efforts facilités par le secrétariat international ont contribué à cette connectivité, par le biais du financement conjoint de projets, de la coordination régionale, ainsi qu’en facilitant le partage d’informations au moyen de webinaires, qui ont complété les efforts importants des coordinateur·rice·s pour établir des liens et innover.
Par exemple, les coalitions de la région MENA ont partagé leurs connaissances, ce qui a donné lieu à de nouvelles approches en matière de transparence des contrats ; des échanges sur les stratégies de l’ITIE et les régimes fiscaux ont eu lieu en Afrique de l’Est, dans le cadre de réunions régionales et des indabas ; et les projets financés en Afrique de l’Ouest francophone ont donné lieu à des actions de plaidoyer menées par les coalitions de PCQVP pour faire progresser l’égalité entre les sexes et le respect des droits des femmes par la mise en œuvre de l’ITIE.
Les coalitions ont également pris l’initiative de tisser des liens transrégionaux : par exemple, le Zimbabwe et le Canada ont collaboré pour renforcer les capacités communautaires en matière de données au niveau des projets, tandis que PCQVP-États-Unis a aidé d’autres coalitions à mener un plaidoyer en faveur de directives de transparence au niveau de l’Union européenne. Les membres de PCQVP au Kazakhstan, en France et au Royaume-Uni ont collaboré à une analyse des coûts et des avantages de l’extraction pour les Kazakhs, suscitant ainsi des débats nationaux.
Menaces sur l’espace civique et nécessité de renforcer les capacités
En parallèle aux progrès réalisés, l’enquête a également révélé les vulnérabilités du réseau. Les coordinateur·rice·s nationaux·ales sont plus nombreux·ses à signaler des menaces sur l’espace civique et les droits humains des membres par rapport à l’enquête de 2020. Les coalitions ne disposent pas des connaissances suffisantes pour pouvoir se défendre contre ces atteintes. Si davantage de coordinateur·rice·s ont fait état d’efforts entrepris par le secrétariat pour combler ces lacunes, nous savons qu’un long chemin reste à parcourir. En 2021, PCQVP a travaillé avec l’AEDH (Association Européenne pour la défense des Droits de l’Homme) afin de soutenir un programme pour les futur·eÀs formateur·rice·s destiné aux membres de PCQVP en Afrique francophone, où les membres opèrent dans certains des pays les plus à risque selon le baromètre CIVICUS. Bien que l’épidémie ait un impact négatif sur ce travail, nous nous engageons à soutenir les membres de PCQVP afin qu’elles et ils soient en mesure de mieux répondre aux menaces, notamment dans les espaces en ligne, dans le cadre de notre stratégie en matière d’espace civique.
Des coordinateur·rice·s ont également fait état de la faiblesse de leur capacité de plaidoyer et ont exprimé des besoins plus généraux. La plupart d’entre eux·elles ont déclaré que leur coalition gagnerait à être mieux informée sur l’élaboration de théories du changement et de stratégies de plaidoyer, ainsi que sur la mesure et le suivi des progrès.
Reconfigurer la coordination pour affronter COVID-19 et la crise climatique
Certain·e·s coordinateur·rice·s ont également évoqué spontanément leur besoin de soutien pour reconfigurer les coalitions sur le plan stratégique afin d’atteindre une efficacité optimale. Conformément à la stratégie Vision 2025 et aux conclusions de l’atelier organisé en octobre 2020, qui consistait à mettre à l’épreuve la stratégie selon des scénarios potentiels futurs liés à la COVID-19, nous travaillons avec les coalitions nationales qui reçoivent un financement direct du secrétariat pour soutenir le rapprochement avec des organisations stratégiques dans les domaines des droits des femmes, du climat et des droits humains, afin de créer des collaborations entre les mouvements pour plus de durabilité et d’efficacité.
Alors que les coalitions de PCQVP sont confrontées à la double urgence découlant de la pandémie de COVID-19 et de la crise climatique, nous devons relever collectivement le défi visant à répondre aux besoins des communautés confrontées à des impacts sociaux et environnementaux destructeurs, même si les bénéfices économiques que la campagne PCQVP a cherché à garantir au moyen de la transparence et de la redevabilité fiscales demeurent flous. Certains des enseignements que nous souhaitons partager cette année, par le biais d’une série d’études de cas de modèles de coalitions, mettent en évidence l’adaptation des coalitions pour préserver leur efficacité dans ces circonstances.
Des retours d’information cruciaux pour évaluer les progrès et adapter les stratégies de PCQVP
Le retour d’information et les idées partagées chaque année par les coordinateur·rice·s nationaux·ales de PCQVP sont essentiels pour nous permettre, en tant que mouvement mondial, de déterminer l’adaptation et la personnalisation de nos stratégies, ainsi que pour mesurer les progrès réalisés par rapport à nos objectifs. Leurs contributions sont fortement appréciées en cette période de grande tension. Alors que nous poursuivons la mise en place des pratiques de suivi, d’évaluation et d’apprentissage, nous utiliserons les résultats de l’enquête pour améliorer notre planification et informer la mise en œuvre du plan opérationnel triennal. Enfin, nous continuerons à partager les résultats de l’enquête, mais aussi les Histoires de changement et les analyses d’apprentissage, pour que l’ensemble des membres en profite – à la fois pour fournir l’information nécessaire à l’adaptation stratégique, ainsi que pour célébrer les réalisations des coalitions nationales et du réseau entier.