Vers une véritable justice climatique : tirer les leçons de la COP26 et définir le rôle de PCQVP
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J’ai assisté à la COP26 à Glasgow au début du mois. C’était la première fois que PCQVP participait à une conférence mondiale sur le climat depuis la ratification de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) en 1994 – quelques années avant même la naissance de PCQVP.
Cette COP était très attendue comme étant un moment clé pour renforcer les engagements à maintenir le réchauffement de la planète en dessous de 1,5°C. Il existe désormais un large consensus sur le fait que cela nécessite une élimination rapide de la production de charbon, de pétrole et de gaz afin de réduire les émissions de carbone. Mais la manière de s’assurer que cela se fasse de manière juste, centrée sur les personnes et équitable fait encore l’objet d’un vif débat.
Les pays ont annoncé la réduction progressive de la production d’électricité à partir du charbon, la fin du financement public international pour tous les combustibles fossiles (d’une valeur de quelque 18 milliards de dollars par an), une nouvelle alliance Beyond Oil and Gas et l’accélération de la suppression progressive des subventions aux combustibles fossiles. Pourtant, peu d’engagements ont été pris afin de garantir que les pays en développement soient indemnisés pour les pertes et les dommages que beaucoup subissent déjà en raison du changement climatique et/ou qu’ils soient soutenus pour faire face aux vastes implications socio-économiques d’une transition rapide vers les énergies renouvelables.
En nous appuyant sur la position globale de PCQVP sur la transition énergétique, nous avons répondu à la COP de plusieurs manières différentes. Tout d’abord, nous avons attiré l’attention sur trois mesures clés qui doivent être prises pour assurer une transition équitable: 1) nettoyer les chaînes d’approvisionnement en minerais de transition 2) soutenir les pays producteurs de pétrole, de charbon et de gaz à faible revenu avec une assistance technologique et financière pour soutenir la diversification économique en dehors des combustibles fossiles 3) assurer la transparence, la responsabilité et la participation publique dans les processus de prise de décision, y compris les voix des personnes les plus touchées par le changement climatique et la transition énergétique (voir notre déclaration pour la COP26 signée par plus de 280 membres de PCQVP). Ensuite, avec le Comité de pilotage de PCQVP Afrique, nous avons organisé un webinaire lors du Sommet des Peuples de la COP26 pour discuter des opportunités et des risques liés à l’exploitation des minéraux de transition dans les pays subsahariens. Enfin, nous avons également pris part à des événements organisés par des partenaires et établi de nouveaux liens importants avec des organisations de la société civile œuvrant pour la justice climatique.
Voici les points que j’ai retenus de la COP26 et la manière dont ils peuvent contribuer à définir le rôle que doit jouer PCQVP pour lutter contre la crise climatique et assurer une transition énergétique juste.
Celles et ceux qui sont au cœur de la crise ne sont pas entendu·e·s
La COP26 a été décrite comme étant la plus excluante de tous les temps, empêchant notamment les habitant·e·s des pays en développement, les jeunes et les personnes handicapées de participer aux négociations clés.
Celles et ceux qui ont réussi à se rendre à Glasgow étaient pour la plupart en dehors des salles de décision, mais cela ne les a pas empêché·e·s d’examiner les débats, de se mettre en réseaux, de parler à la presse et sur les médias sociaux. Ce faisant, nous avons remis en question le récit des plus de 500 lobbyistes de l’industrie des combustibles fossiles qui se sont précipité·e·s à Glasgow pour s’assurer que les gouvernements ne menaceraient pas leurs intérêts.
PCQVP continuera à amplifier la voix de celles et ceux qui sont en première ligne face au changement climatique et à l’extraction des combustibles fossiles, en particulier les jeunes, les femmes et les peuples autochtones.
Les grands émetteurs et la plupart des pays riches n’avancent pas assez vite.
Cette année, les délégué·e·s de la COP devaient prendre des engagements plus fermes que jamais pour atteindre l’objectif de 1,5°C. Mais ils n’ont pas été assez audacieux·ses. Les plans actuels conduiront à un réchauffement de 2,4°C, ce qui fait courir un risque extrême à la planète et à chacun·e d’entre nous. Le Pacte de Glasgow pour le climat appelle à « intensifier les efforts vers la réduction du charbon sans systèmes de capture (de CO2) et à la sortie des subventions inefficaces aux énergies fossiles », mais cela ne suffit clairement pas. Une exception notable dans tout cela est la Beyond Oil and Gas Alliance, qui rassemble 11 pays et gouvernements infranationaux engagés à mettre fin à la production et à l’exploration de pétrole et de gaz. Malheureusement, les pays riches à fortes émissions, comme les États-Unis, le Japon ou l’Allemagne, n’y ont pas adhéré.
L’autre échec réside dans l’incapacité du Nord global à trouver des fonds pour aider les pays moins riches à mener leur transition énergétique. La pire illustration en est leur rejet d’un mécanisme de compensation des pertes et dommages, un fonds spécial soutenu par 138 pays en développement. L’accord final ne mentionne qu’un « dialogue » à ce sujet, qui doit se poursuivre. Nos regards se tournent maintenant vers le nouveau Fonds Fiduciaire pour la Résilience et la Durabilité du Fonds Monétaire International, qui vise à soutenir les pays dans leur réponse aux impacts de la crise climatique et dans leur transition énergétique. Il doit encore être correctement mis en œuvre et les organisations de la société civile doivent être pleinement engagées dans l’ensemble du processus.
Il n’y a pas de temps à perdre. PCQVP doit redoubler d’efforts pour s’assurer que les pays du Nord agissent en premier et le plus rapidement possible pour faciliter la diversification économique, l’accès aux énergies propres, le transfert de technologies et le travail décent dans les pays en développement.
Les minerais de transition toujours exclus des principales discussions
La question de l’extraction de minerais essentiels à la production et au stockage d’énergie renouvelable (tels que le cobalt, le lithium, le cuivre, etc.) a été quasiment absente des débats de la COP26. En plus d’organiser un panel sur les pays subsahariens, apportant des solutions concrètes, PCQVP a signé une déclaration commune et s’est joint à une manifestation organisée à Glasgow par plusieurs organisations contre « l’extraction minière sale ». Une bannière en particulier a résonné : « L’exploitation minière sale ne peut pas alimenter une énergie propre ».
PCQVP continuera à plaider pour une gouvernance responsable des minerais de transition. La République démocratique du Congo a récemment montré que cela est possible, avec le lancement d’un accord visant à protéger les forêts de l’exploitation minière et des autres causes de déforestation.
La COP27 en ligne de mire
La COP26 étant désormais derrière nous, il est temps de nous tourner vers la prochaine, qui sera accueillie par l’Égypte. Pour PCQVP et nos organisations partenaires, il s’agit d’une occasion unique de contribuer à la mobilisation de la société civile à travers le continent africain et la région MENA en faveur d’un agenda de justice climatique éclairé par la réalité vécue des communautés les plus touchées par le changement climatique. Dans un tel contexte d’urgence climatique, les luttes des membres de PCQVP ne peuvent évoluer en vase clos. Nous devons continuer à construire des ponts avec le mouvement pour la justice climatique et nous assurer que nous marchons main dans la main vers la transition énergétique équitable, durable et centrée sur les personnes dont nous avons tous besoin.