Situation des droits humains au Niger : droit de réponse aux propos des Présidents Issoufou et Macron
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26 acteurs de la société civile sont détenus depuis plus de deux mois au Niger pour avoir exprimé leur désaccord avec la loi de finance 2018 proposée par le gouvernement nigérien et adoptée par l’Assemblée Nationale en novembre 2017. Nous, ONGs internationales et organisations de la société civile, dénonçons leur détention arbitraire. Malgré l’opportunité de dénoncer fermement cette situation, la France, par la voix du Président de la République, a préféré ne pas prendre position sur les sévères représailles auxquelles nos collègues font face dans un pays où le climat politique est de moins en moins propice à l’action légitime de la société civile.
Ce lundi 4 Juin, le Président, Emmanuel Macron, a reçu le Président du Niger, M. Mahamadou Issoufou, en visite officielle au palais de l’Elysée à Paris, homologue qu’il avait qualifié d’“exemple pour la démocratie” en décembre 2017. Avant cette visite officielle, les organisations internationales Tournons La Page, Publiez Ce Que Vous Payez (PCQVP), Oxfam France, ainsi que d’autres partenaires de la société civile, ont exigé que le Président de la France, Emmanuel Macron, tienne un propos ferme sur la restriction croissante des libertés civiles au Niger, notamment la liberté de réunion et d’association. Leur rencontre s’est conclue avec une conférence de presse commune, l’occasion pour les chefs d’Etat de répondre clairement à la question des détentions prolongées et contestables de nos collègues nigériens. Les deux Présidents ont préféré présenter une perspective pour le moins questionnable sur cet enjeu auquel nous souhaitons répondre sur le fond.
Nous tenons à corriger plusieurs fausses allégations faites durant cette conférence de presse commune au sujet des arrestations des acteurs de la société et plus largement des relations entre la France et le Niger.
M. Issoufou a affirmé que la manifestation prévue le 25 Mars était illégale car prévue après minuit et que le gouvernement avait le droit de mettre fin à la manifestation car ils ne pouvaient pas assurer la sécurité des manifestants, pourtant
M. Issoufou affirme avoir jusque-là autorisé de nombreuses manifestations
M. Macron affirme que le Niger est une démocratie avec un pouvoir judiciaire encadré par la loi et a le droit de l’appliquer. M. Issoufou affirme que la même réaction contre les manifestants aurait eu lieu à Berlin, Paris, entre autre exemples cités.
M. Issoufou a remis en cause la liberté de la presse et l’indépendance de RFI lors de la conférence de presse, en signifiant que la radio publique internationale française était trop dans l’émotion et le dénigrement du Niger.
L’attitude de ces deux Chefs d’Etats montre qu’ils choisissent délibérément de ne pas prendre en compte ces attaques contre la démocratie au sérieux. M. Issoufou a montré qu’il s’agissait là d’arrestations d’ordre purement politique et infondées en droit, tandis que M. Macron a fait preuve d’une complaisance totale.
Nous, PCQVP et Tournons la Page, réitérons, notre détermination à exiger la libération immédiate et sans conditions des acteurs de la société civile et dénonçons vigoureusement cette tentative de discréditer nos collègues ainsi que tous les citoyens engagés pour une gouvernance démocratique et transparente des ressources publiques de leur pays.
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Signataires:
Thomas Borrel, porte-parole de l’association Survie
Laurent Duarte, Coordinateur de « Tournons la page » / Secours Catholique
Elisa Peter, Directrice Exécutive, Publiez Ce Que Payez