Rencontrez notre nouvelle Directrice exécutive : De la coalition nationale malgache au Secrétariat international de PCQVP
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J’ai découvert Publiez Ce Que Vous Payez en 2019, quelques mois après avoir rejoint Transparency International Madagascar (TI-MG) en tant que Directrice exécutive. En début d’année, j’avais reçu une invitation à participer à l’Assemblée mondiale de PCQVP à Dakar et j’ai alors pensé qu’il s’agissait d’une erreur ! En effet, même si TI-MG était un membre actif de PCQVP, j’étais encore inconnue dans le réseau. J’ai néanmoins décidé de me rendre à Dakar, avec deux autres membres de notre coalition, et ce que j’ai découvert là-bas – une communauté accueillante et puissante de militant·e·s dévoué·e·s décidé·e·s à « extraire la vérité » – a changé ma vie.
Permettez-moi de vous en dire un peu plus sur mon parcours, et comment j’en suis arrivée ici. Vous connaissez peut-être Madagascar grâce à un dessin animé populaire, mais notre réalité est loin de l’amusement et de l’aventure décrits sur le grand écran. Malheureusement, près de 80 % de notre population vit dans l’extrême pauvreté, avec moins de deux dollars par jour. À l’école, j’ai vécu la différence de traitement avec mes camarades de classe plus fortunées que moi. À la maison, j’ai vu ma mère se battre pour nous offrir, à mon frère et à moi, une éducation décente. Ces expériences précoces ont façonné ma quête d’équité.
J’ai perdu mon père à l’âge de 11 ans, dans des circonstances tragiques, et ma mère est devenue le pilier de notre famille. Elle nous a enseigné l’intégrité, le sens de la justice, l’humilité et le travail acharné et, malgré de nombreuses épreuves, elle est restée l’incarnation de la joie et du bonheur. Une femme formidable ! Lorsqu’elle est décédée, également dans des circonstances horribles, en 2016, j’ai cru que mon monde allait à nouveau s’effondrer, mais ses mots m’ont permis de continuer à vivre. « Faites toujours ce qui est bien/juste » nous disait-elle. Son courage et sa sagesse ont constamment guidé ma vie et ma carrière, et je lui en suis reconnaissante.
Animée par ces valeurs qui sont ancrées dans mon histoire personnelle, j’ai passé plus de vingt ans à m’engager dans le bénévolat au sein de la société civile. J’ai commencé au lycée, avec le rêve de contribuer à la démocratisation de mon pays. Après des années d’engagement dans la responsabilisation politique des citoyen·ne·s et de tentatives de propagation de la culture de la résistance civile non violente dans le pays, parallèlement à ma carrière professionnelle dans le secteur de l’énergie, j’ai vu tous ces efforts ruinés par un obstacle récurrent : la corruption.
La corruption est un problème omniprésent à Madagascar, qui touche tous les secteurs de la société, et en particulier nos ressources naturelles. Madagascar n’est pas seulement riche en forêts et en biodiversité, elle est aussi riche en minerais dont les perspectives d’exploitation ne sont pas nécessairement conçues pour répondre aux besoins des populations locales. Cela m’a d’abord conduite à TI-MG, puis à mon élection en tant que vice-présidente (bénévole) du mouvement mondial Transparency International, en novembre 2023.
Mais, plus important encore, cette situation et mon expérience m’ont amenée à redynamiser PCQVP Madagascar en 2020 pour renforcer le pouvoir collectif de la société civile dans mon pays afin de s’opposer à la corruption, à la mauvaise gestion et aux abus dans les industries extractives.
Depuis lors, j’ai travaillé avec le réseau PCQVP pour réclamer justice pour les communautés locales autour de la mine QMM de Rio Tinto, obtenir plus de transparence des contrats à Madagascar à travers la campagne #DiscloseTheDeal, porter notre voix dans les espaces de plaidoyer mondiaux tels que la COP de la CCNUCC, et construire une campagne collective régionale pour #JustAfricaMinerals.
En 2022, lorsque j’ai fait face à des menaces judiciaires pour avoir dénoncé la corruption, le réseau PCQVP m’a soutenue et a appelé à la cessation du harcèlement dont j’étais victime. Je connais le prix élevé que les personnes corrompues veulent nous faire payer pour avoir dénoncé l’injustice, et cela m’est inacceptable. C’est la raison pour laquelle je suis farouchement impliquée dans la campagne #FreeGubad. Exposer la vérité n’est pas un crime, et défendre les défenseur·e·s est crucial dans notre engagement collectif pour un monde plus propre et plus juste.
Alors que j’accède à un autre rôle de leadership au sein de PCQVP, cette fois en tant que Directrice exécutive de son Secrétariat international, je salue le courage et l’abnégation des membres de PCQVP dans toutes les régions du monde, qui se battent pour l’équité, la justice et la redevabilité dans des contextes difficiles. Et je m’engage à utiliser mon expérience au sein d’une coalition nationale pour renforcer notre impact collectif en tant que réseau mondial.
Je suis reconnaissante envers tous ceux – individus, organisations et groupes de réflexion – qui m’ont aidée à grandir et qui ont façonné celle que je suis aujourd’hui.
L’adolescente du lycée qui rêvait de démocratie est toujours là, quelque part en moi ; mais elle s’est transformée en une combattante dont les meilleures armes sont sa passion pour la justice sociale, sa foi dans le pouvoir citoyen et ses bagages académiques, associés à la magie de l’action collective.
Prêtez-moi main forte, cher·e·s collègues et ami·e·s ! Ensemble, nous ferons la différence !