Notre mouvement mondial, un acteur important face à une crise mondiale

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Les économies qui dépendent fortement des revenus liés aux combustibles fossiles sont susceptibles de s’effondrer lors de la transition vers un monde décarboné. Ces conséquences peuvent être évitées grâce à une transition énergétique juste et équitable, au cours de laquelle PCQVP peut jouer un rôle important.

Cette semaine, Publiez Ce Que Vous Payez (PCQVP) a adopté une position mondiale en matière de transition énergétique. Cette position représente un changement stratégique crucial pour notre mouvement et l’aboutissement de plusieurs années de débats internes souvent passionnés sur notre rôle, en tant qu’initiative œuvrant en faveur de la transparence et de la responsabilité face à l’urgence climatique.

La crise climatique est l’enjeu le plus important de notre ère. Si l’ensemble des membres de PCQVP s’accorde sur l’urgence de réduire les émissions de gaz à effet de serre, des questions nous avaient empêché.e.s jusqu’à présent de statuer sur le rôle exact du mouvement pour contribuer à un avenir décarboné. 

Comment, par exemple, mettre fin à notre dépendance aux combustibles fossiles, tout en évitant que les économies et les emplois ne soient détruits dans les pays dont les revenus principaux proviennent de ces activités, comme en Irak ou en Guinée équatoriale ? Comment faire en sorte que le passage à une économie décarbonée n’appauvrisse pas davantage les communautés dans les pays en développement riches en ressources déjà fortement touchées par le réchauffement climatique, comme le Nigeria, le Congo ou l’Angola ? Et comment faire entendre les préoccupations et les aspirations de ces mêmes communautés au milieu de la cacophonie des voix politiques, industrielles et financières ?

Entre autres, PCQVP a abordé certaines de ces questions l’année dernière, lors d’ une consultation exhaustive sur la façon dont nous pouvons tirer parti de l’expertise et de l’influence que notre mouvement a acquis au cours des deux dernières décennies, pour faire pression en faveur d’une transition énergétique juste et équitable.

 

Une mise en garde concernant les pays dépendants des combustibles fossiles

Un rapport récent dresse un tableau sombre des conséquences pour les pays qui dépendent fortement des combustibles fossiles (les « petrostates »).

Selon Carbon Tracker, les changements nécessaires pour maintenir l’augmentation de la température mondiale bien en dessous de 2 degrés Celsius, signifieraient que les 40 pays les plus dépendants des revenus du pétrole et du gaz, pourraient se retrouver dans une situation plus défavorable que prévu avec des pertes estimées à 9 000 milliards de $ au cours des deux prochaines décennies, impliquant une baisse de 51 % des revenus gouvernementaux provenant du pétrole et du gaz.

Dans le pire des cas, c’est-à-dire si la transition énergétique n’est pas bien gérée, certains de ces pays pourraient devenir des États défaillants : si ces derniers ne sont plus en mesure de vendre du pétrole et du gaz, la forte hausse du chômage, ainsi que la diminution des recettes de l’État pourraient éroder le contrat social qui lient les citoyens et leurs gouvernements.

Une transition juste, en revanche, consisterait à fournir davantage de soutien sous la forme d’une aide au développement et d’investissements bilatéraux et multilatéraux aux pays fortement dépendants de l’exploitation des combustibles fossiles, afin d’atténuer les retombées économiques négatives de la transition. 

Ainsi, le transfert des nouvelles technologies solaires, éoliennes et marémotrices, ainsi que des brevets relatifs aux énergies renouvelables, vers ces mêmes pays s’avère indispensable. 

La participation citoyenne sera également essentielle dans les pays comptant des « minéraux de transition » utilisés pour les technologies propres, afin que les citoyen.ne.s puissent bénéficier de l’essor de ces ressources, plutôt que de subir les conséquences sociales et environnementales de leur extraction accrue. 

Les pays les plus grands émetteurs et les pays riches, comme les États-Unis, doivent montrer l’exemple et progresser le plus rapidement vers cette transition, en réduisant leur consommation et leur production de combustibles fossiles, ainsi que les subventions cachées accordées à l’industrie.

 

Un moment charnière

Face à cette crise mondiale, nous devons tous agir, et c’est à ce moment charnière, dans le contexte de l’urgence climatique, que PCQVP a un rôle à jouer.

La transparence et la responsabilité sont essentielles pour assurer une transition énergétique juste, et nous disposons d’une connaissance et d’une expérience approfondies en matière de dialogue avec les grandes sociétés pétrolières, gazières et charbonnières, ainsi qu’avec les gouvernements.

Nous savons comment encourager les sociétés comme Exxon, Chevron et Shell aux quatre coins du monde à divulguer des informations. Et ces dernières doivent en divulguer un nombre important, notamment sur les défis financiers liés au climat tels que leurs actifs à risque (par exemple, les réserves de pétrole, de gaz et de charbon qui seront inexploitables si nous voulons éviter une catastrophe climatique.)

En outre, la portée mondiale de notre mouvement, qui rassemble des groupes environnementaux et des groupes de femmes, des organisations religieuses et communautaires, ainsi que d’autres personnes travaillant sur le terrain avec des communautés directement touchées par l’exploitation pétrolière, gazière et minière, peut constituer un avantage considérable.

Toutes nos exigences en matière de propriété réelle et de divulgation des contrats et des paiements sont fondées sur les besoins de ces communautés. Alors que le monde s’éloigne de l’exploitation des combustibles fossiles, il est essentiel qu’elles aient leur mot à dire dans les décisions qui les affecteront profondément. 

 

Les minéraux de la transition énergétique

Dans certains cas, ces décisions concernent les « minéraux de transition », comme le cobalt, le lithium et le cuivre, qui sont nécessaires à la fabrication des batteries des voitures électriques, des panneaux solaires et des éoliennes.

Mais l’explosion de la demande de ces minéraux provoque déjà des dégâts environnementaux et des violations des droits de la personne. 

En République démocratique du Congo (RDC), par exemple, près de 35 000 enfants travaillent dans des mines de cobalt artisanales, qui sont liées à des conditions de travail déplorables et à la destruction de l’environnement.

Qu’il s’agisse de pays comme la RDC, qui possède les plus grandes réserves de cobalt au monde, ou du triangle du lithium dans les Andes, notre mouvement peut jouer un rôle clé dans le renforcement de la gouvernance, de la traçabilité et de la durabilité des « minéraux de transition », en luttant contre la corruption et les violations des droits auxquelles ils sont liés, et en veillant à ce que les citoyen.ne.s en bénéficient plutôt que de perpétuer les inégalités.

 

Faire preuve de courage et d’engagement

Pour relever ce défi, nous continuerons à travailler comme nous l’avons fait au cours des 20 dernières années : en documentant les réalités auxquelles sont confrontées les femmes et les communautés riveraines, en luttant pour le droit de la société civile à opérer sans représailles et en veillant à ce que les intérêts particuliers n’accaparent pas les processus décisionnels démocratiques.

La sortie de la crise climatique au moyen d’une transition énergétique rapide et juste dépend de toutes ces composantes. Le courage, la vision et l’engagement de nos membres à travers le monde constitueront une contribution unique pour y parvenir.

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