Les membres de PCQVP qui étaient emprisonnés au Niger sont enfin libérés. Il faut à présent que les poursuites à leur encontre soient abandonnées.
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Grâce à une campagne concertée par des groupes de la société civile partout dans le monde, trois membres du mouvement mondial de PCQVP au Niger ont été remis en liberté sous caution après avoir passé six mois en prison sur la base d’accusations forgées de toutes pièces.
Le 29 septembre 2020, un juge a accordé la mise en liberté sous caution à Maïkoul Zodi à Niamey, la capitale du Niger. Le lendemain, ses collègues Moudi Moussa et Halidou Mounkaila ont également été mis en liberté sous caution. Selon Amnesty, ses hommes sont des prisonniers de conscience.
« D’un côté, nous sommes soulagés de savoir que nos collègues sont enfin libres de retrouver leurs familles, d’un autre, de fausses accusations continuent à planer au-dessus de leurs têtes et ils sont susceptibles de se retrouver de nouveau en prison. Les poursuites à leur encontre doivent être abandonnées », a déclaré Ali Idrissa, défenseur de la transparence au Niger et membre du conseil d’administration de PCQVP.
La vague continue de répression de la société civile par les autorités au Niger a également des répercussions sur Idrissa. Il a reçu des menaces de mort, et est actuellement accusé de diffamation et de diffusion d’informations « visant à troubler l’ordre public ».
Moudi Moussa, Halidou Mounkaila et Maïkoul Zodi étaient parmi les membres de la société civile qui se sont réunis le 15 mars 2020 à Niamey pour manifester pacifiquement contre le vaste détournement présumé de fonds publics par le Ministère de la Défense.
Les forces de sécurité, utilisant le prétexte des restrictions imposées pour arrêter la propagation de la Covid, ont violemment dispersé la foule à l’aide de gaz lacrymogène et de l’installation de barrages. Cela a provoqué un incendie qui a tué au moins trois personnes, selon les témoins. Moussa, Mounkaila et Zodi ont ensuite été accusés de l’organisation d’un rassemblement non autorisé, et de complicité de dégradation de biens publics et d’homicide.
Suite à leur arrestation, une coalition des organisations de la société civile à l’échelle internationale a mené une campagne coordonnée et acharnée pour leur liberté, mettant en relief l’injustice de leur emprisonnement, ainsi que la détérioration des libertés civiles au Niger. CIVICUS, une alliance mondiale de la société civile dédiée au renforcement de la société civile dans le monde entier, a récemment ajouté le Niger a sa liste de surveillance des pays dans lequel l’espace civil est sérieusement et rapidement en déclin.
Des organisations, dont PCQVP, PCQVP États-Unis, Amnesty International, Amnesty France, Tournons La Page (TLP), Oxfam, CIVICUS, Front Line Defenders, ainsi que de nombreux groupes nigériens locaux, ont utilisé divers moyens pour que la situation des prisonniers soit constamment à la une de l’actualité. Ils ont attiré l’attention des autorités au Niger, en France, aux États-Unis et dans d’autres pays. Une lettre rédigée par six éminents sénateurs américains* (version traduite en français ici) est l’un des résultats notables de cette campagne. Les sénateurs ont exprimé leur préoccupation quant aux « actions répétées de répression des membres de la société civile » par le gouvernement du Niger et ont exhorté Mike Pompeo, secrétaire d’État américain, à obtenir la libération des membres de PCQVP.
La campagne a également fait en sorte que Moussa, Mounkaila et Zodi ne soient pas oubliés grâce à la couverture médiatique et la présence dans les médias sociaux.
La détention de Moussa, Mounkaila et Zodi et la restriction de l’espace civil au Niger correspondent à une tendance mondiale exacerbée par la pandémie de Covid, selon laquelle les gouvernements utilisent l’état d’urgence pour lutter contre la pandémie, mais également pour réprimer la contestation sans éveiller l’attention. Une élection générale étant prévue au Niger en décembre, et les élections précédentes ayant été entachées par la violence, des arrestations arbitraires et l’invalidation d’électeurs à grande échelle, la communauté internationale doit être vigilante pour garantir que le gouvernement nigérien respecte ses obligations en conformité avec le droit international.
Ali Idrissa a déclaré : « Les individus ont besoin de parler librement des questions d’importance nationale sans crainte de représailles ou d’arrestation. Lorsque les autorités frappent à la porte des citoyens et les arrêtent parce qu’ils dénoncent la corruption et la mauvaise gouvernance, l’impact est profond. Cela ne touche pas juste les familles de ces citoyens, mais toute la société qui se sent menacée. Cela transmet un message de peur : gare à celui qui prend le risque de s’exposer. Nous nous réjouissons que nos collègues soient libres, mais cela n’est qu’un début. »
*qui ont d’importantes responsabilités de supervision des opérations américaines à l’étranger au sein du Congrès.