Le Zimbabwe investit 3 millions de dollars en activités d’exploration minière. Est-ce la bonne voie vers le développement ?

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En vue de déterminer les réserves minérales du Zimbabwe, le ministère des Mines et du développement minier a décidé de transformer la Minerals Marketing Corporation of Zimbabwe (MMCZ), une société publique dédiée à la commercialisation des minéraux, en une entreprise d’exploration. La nouvelle Mineral Exploration Promotion Corporation (MEPC), qui sera financée par les revenus tirés de l’exploitation minière, vise à développer le secteur minier. Mais est-ce que cela contribuera à développer l’ensemble de l’économie, et, plus important encore, à améliorer l’existence des populations locales ?

Bien que la croissance du secteur minier offre des opportunités pour le développement socio-économique, elle peut aussi agir en tant que malédiction des ressources. La société civile du Zimbabwe est fortement préoccupée par les conséquences d’un développement des activités minières mal régulé, non seulement pour l’économie, mais aussi pour les communautés locales. Comme l’a expliqué l’un des activistes de Publiez Ce Que Vous Payez Zimbabwe, cette intensification des activités d’exploration minière finira par aboutir à l’ouverture de nouvelles mines et entrainera potentiellement le déplacement forcé des communautés rurales, davantage de pollution et une aggravation des conflits. Il y a des craintes que l’expansion de l’activité minière, dans un environnement caractérisé par une corruption endémique et une recherche de rente, ne serve qu’à creuser davantage le fossé entre les riches et les pauvres puisque les investissements en vue d’améliorer les conditions socioéconomiques des populations locales sont trop faibles. Bien que certaines entreprises contribuent financièrement à des projets d’investissement social visant à améliorer la vie des communautés locales, le déficit de l’infrastructure est trop important pour être comble par l’expansion des activités minières dans les conditions actuelles.

Comme c’est trop souvent le cas dans les pays riches en ressources naturelles, les activités minières ont été développées au détriment des autres secteurs économiques, créant ainsi une économie enclavée ou dépendante des ressources. Le Zimbabwe, qui fut un temps nommé « grenier de l’Afrique », a vu ses secteurs agricole et manufacturier tomber en déclin au cours des dernières décennies. Ces secteurs, qui sont essentiels pour la subsistance durable, n’ont manifestement pas reçu assez de soutien en faveur des activités minières qui sont perçues comme offrant de meilleures chances de transformer la situation économique du pays.

En l’état actuel, il existe des préoccupations crédibles selon lesquelles le gouvernement du Zimbabwe n’est pas préparé à gérer ses ressources minérales de sorte qu’elles bénéficient de manière durable et efficace à ses citoyens. Étant donné que les contrats sont souvent négociés en secret, la société civile dispose d’informations limitées sur les recettes produites par l’exploitation minière et la façon dont elles sont dépensées, ce qui réduit sa capacité à demander des comptes au gouvernement. Certains activistes estiment que la poursuite de l’expansion de l’industrie minière dans le contexte actuel est susceptible de ne pas entraîner les résultats escomptés en matière de développement. Le fait de se concentrer sur les secteurs agricole et manufacturier a été identifié par beaucoup comme une option alternative pour ranimer l’économie.

Une approche commerciale traditionnelle ne permettra surement pas au pays d’utiliser avec succès ses ressources minérales pour un développement socio-économique. Le gouvernement du Zimbabwe doit urgemment reformer la gouvernance du secteur des ressources naturelles.

Ce blog est inspiré d’une conversation entre les membres des PCQVP Zimbabwe

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