Données ouvertes : il s’agit des gens, pas des apps

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Nous entendons actuellement beaucoup parler de l’avalanche de données et de la façon dont la société civile dans plusieurs pays les utilise ou s’apprête à les utiliser. En vérité, c’est un moment formidable que nous vivons, et bien plus nous attend. Les questions relatives aux données ouvertes et la collaboration sur la cartographie de l’avenir des données ouvertes ont été évoquées fin mai lors de la 3e conférence internationale sur les données ouvertes à Ottawa. La semaine chargée d’événements consacrés aux données ouvertes a rassemblé de nombreux intervenants et dirigeants prestigieux, y compris des extracteurs de données, des geeks en matière de données et des activistes communautaires du monde entier pour échanger des idées et travailler ensemble afin de permettre la révolution des données. Ils ont en effet partagé les exemples les plus fascinants d’ensembles de données, de portails et d’outils Web, de cartes virtuelles et d’infographie. En dépit de ces évolutions hi-tech, nous devons garder à l’esprit la raison d’être majeure des données ouvertes : les personnes.

Les gens sont généralement ravis d’avoir de nouveaux gadgets, mais pensent rarement à la façon dont ils ont été produits. Saviez-vous que la plupart des appareils électroniques, des véhicules et des aéronefs sont fabriqués à partir de l’aluminium qui est obtenu à partir de la bauxite ? L’extraction de bauxite, mis à part des profits élevés pour les entreprises et des produits finis étincelants, entraine l’épuisement des terres, la déforestation et constitue une menace pour les traditions et les coutumes des collectivités autochtones. Il y a des endroits en Indonésie où les dommages occasionnés par l’extraction de bauxite ont provoqué des tragédies au détriment de la nature et des populations locales.

Les données ouvertes devraient être alimentées par les communautés afin de répondre à leurs besoins et de leur apporter des avantages bien mérités. Ce message a été exprimé à de nombreuses reprises au cours de la conférence et est très pertinent pour le secteur de l’extraction. Selon les participants de pays riches en ressources, les citoyens n’ont pas accès à des renseignements suffisants pour demander des comptes aux gouvernements, aux dirigeants et aux entreprises extractives. Alors, que pouvons-nous faire pour garantir la transparence et passer à la responsabilisation ?

Les activistes qui extraient des données, analysent des fichiers PDF, des documents et des formules, peuvent révéler des témoignages poignants, car un récit se cache toujours derrière les chiffres. Toutefois, obtenir des données extractives ouvertes, lisibles et accessibles reste un défi. L’avalanche de données extractives découlant de la divulgation obligatoire imposée par la directive de l’UE et la loi Dodd-Frank 1504, ainsi que par des initiatives volontaires telles que l’ITIE, peut éventuellement combler ce fossé et entrainer des réformes importantes.

Mais pour que les données soient utilisées de manière utile, nous avons besoin de renforcer les capacités et les compétences des activistes locaux. Les conférences sur les données ouvertes et d’autres initiatives s’y rapportant constituent des plateformes excellentes pour l’apprentissage par les pairs, l’échange de connaissances et la génération d’idées novatrices. La société civile peut ensuite utiliser les informations en fonction des besoins des collectivités locales, informer ces dernières, interpréter des infographies et transformer les données en actions.

En outre, les communautés peuvent contribuer directement à accroître la transparence et la reddition de comptes par les données ouvertes. En Indonésie, une redéfinition participative des cartes par une communauté a révélé que la planification spatiale actuelle avait ignoré les droits coutumiers de propriété foncière. Les villageois de Kalimantan Ouest, une région riche en bauxite, ont rejoint l’initiative de militants en construisant un drone qui a été utilisé pour obtenir des données fraîches sur la planification spatiale dans la région. Ils ont découvert un certain nombre de problèmes, en particulier, avec la réagencement des colonies de peuplement, et la violation des droits liés à leur agriculture, leurs villages et les forêts coutumières. Avec cette information en main, les communautés ont pu demander la révision de licences se chevauchant, une interdiction de l’utilisation des lacs et une responsabilisation accrue des entreprises pour qu’elles respectent leurs engagements envers les communautés.

Ainsi que l’a déclaré Jensi Sartin, notre activiste PCQVP en Indonésie : « Adoptons les données ouvertes, mais n’oublions pas qu’elles ne se résument pas aux applis, à la haute technologie et au langage sémantique. Elles concernent les personnes… »

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