A l’occasion du Sommet des chefs d’État et de gouvernement de la SADC 2025 ayant lieu a Antananarivo, Madagascar du 17 au 19 août 2025, 44 organisations de la société civile appellent les dirigeant·e·s de la SADC à veiller à ce que les minerais africains servent les intérêts des populations, et non uniquement ceux des marchés mondiaux. Alors que la région détient les ressources nécessaires à la transition vers les énergies propres, plus de 100 millions de personnes vivent toujours sans électricité, et les communautés sont confrontées à des dommages environnementaux, à des déplacements forcés et à des violations de leurs droits. Le modèle extractif consistant à exporter des minerais bruts a failli aux populations et aux économies africaines.
Nous appelons les dirigeant·e·s de la SADC à investir dans les chaînes de valeur régionales, l’industrialisation verte et l’accès universel à l’énergie. Une action audacieuse et coordonnée est nécessaire dès maintenant, à commencer par un engagement accru des gouvernements et des institutions. Nous devons éviter de répéter les erreurs historiques et les abus liés à l’extraction minière. Les minerais africains peuvent créer des emplois, renforcer la souveraineté régionale et favoriser une transition juste et centrée sur les populations. Pour en savoir plus et rejoindre la campagne Just Minerals Africa, cliquez ici.
Déclaration: Les minerais de transition doivent servir les populations : unissons-nous pour une industrialisation verte, l’accès à l’énergie et la souveraineté régionale
Excellences,
Nous, organisations de la société civile soussignées d’Afrique australe, nous adressons aujourd’hui à vous avec urgence, unité et profonde conviction du potentiel de notre région. Alors que le monde accélère sa transition énergétique, l’Afrique se retrouve, une fois de plus, au cœur d’une ruée mondiale vers les ressources. Les minerais présents dans nos sols sont indispensables au développement des technologies vertes, et le monde entier les réclame.
Pourtant, chez nous, plus de 100 millions de personnes n’ont toujours pas accès à l’électricité. Nous restons dépendant·e·s des exportations de matières premières. Nos pays supportent les coûts environnementaux et sociaux de l’extraction, tandis que d’autres récoltent les fruits de la transformation ailleurs. Pendant des siècles, l’Afrique a été le principal fournisseur mondial de matières premières. Ce modèle extractiviste a trahi nos populations, nos économies et menace de ruiner notre avenir. Nous sommes uni·e·s pour appeler à une rupture audacieuse avec ces pratiques injustes.
Nous souhaitons une région où les minerais ne sont plus exportés à l’état brut, mais transformés en produits à valeur ajoutée grâce à des infrastructures partagées, des investissements conjoints et des politiques harmonisées. Nous souhaitons des chaînes de valeur régionales créatrices d’emplois décents, élargissant l’accès à l’énergie propre et stimulant les échanges commerciaux. Nous voulons une base industrielle verte au service de nos objectifs de développement, dotée de solides garanties environnementales et d’un engagement clair à garantir que les communautés bénéficient, et non pâtissent, de l’exploitation des ressources.
Nous appelons à la concrétisation d’une vision régionale de longue date. Cette ambition s’inscrit dans des cadres tels que la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine (ZLECAf), la Vision Minière Africaine, la Stratégie africaine des minerais verts (SGMA) et les stratégies d’industrialisation et d’exploitation minière de la SADC. Ces cadres reflètent un engagement commun à délaisser l’extraction de matières premières au profit de la création de valeur et de la prospérité économique régionales. Nous appelons à une mise en œuvre audacieuse et à des actions concrètes et coordonnées pour concrétiser cette vision commune.
Nous vous exhortons à défendre les actions suivantes, fondées sur les recommandations de notre note d’orientation sur le sujet :
- Redonner le leadership public à la construction d’infrastructures fondamentales pour l’accès à l’énergie et l’intégration régionale, en privilégiant les populations et le développement à long terme plutôt que le profit privé à court terme. Les investissements publics et axés sur les communautés dans les réseaux, les interconnexions et les mini-réseaux locaux sont essentiels à une transition juste.
- Garantir un financement climatique abordable et équitable. Nos gouvernements doivent exiger l’annulation de la dette, créer une agence africaine de notation de crédit et élargir l’accès aux financements concessionnels à long terme pour les infrastructures énergétiques et l’industrie verte.
- Protégez la marge de manœuvre politique nationale en auditant et en réformant les traités bilatéraux d’investissement et les accords commerciaux obsolètes. Nous vous exhortons à résister aux cadres juridiques qui enferment les pays dans une dépendance à l’extraction et affaiblissent leur droit à réglementer dans l’intérêt public.
- Mettre en place des mécanismes régionaux permanents de coordination stratégique, notamment un groupe de travail des négociateurs de la SADC sur le commerce et l’investissement et un plan d’accélération de l’intégration commerciale aligné sur les objectifs de la ZLECAf. Ces institutions contribueraient à harmoniser les incitations à l’investissement, à prévenir un nivellement par le bas et à soutenir des positions de négociation communes avec les partenaires mondiaux.
- Mettre en œuvre un indice d’industrialisation verte comme outil régional pour mesurer les progrès, favoriser la responsabilisation et orienter l’harmonisation des politiques industrielles, énergétiques et commerciales. Cet indice doit aller au-delà du PIB et mesurer ce qui compte vraiment : l’équité, la durabilité et la prospérité partagée.
- Construire une infrastructure institutionnelle pour la transparence et la planification en développant un portail régional unifié de données géologiques et d’investissement, et en adoptant un code régional d’investissement pour une transition juste qui intègre les normes sociales, climatiques et du travail dans tous les investissements transfrontaliers.
- Par-dessus tout, la transition doit être bénéfique pour nos populations. Des garanties sociales solides, une participation communautaire significative, l’égalité de genre et des mécanismes de contrôle public doivent être intégrés à tous les investissements miniers et énergétiques. Nos communautés ne doivent pas être traitées comme des victimes collatérales de la hâte à construire des économies vertes ailleurs. Elles doivent être au cœur des décisions et du partage des bénéfices.
Nous vous exhortons, dirigeant·e·s de la SADC, à adopter cette voie concrète, conscient·e·s que la coopération régionale est une nécessité stratégique. La voie vers la souveraineté, le développement et la justice climatique repose sur une action délibérée et coordonnée.
La société civile de toute la région est prête à soutenir votre leadership dans la construction d’une transition verte juste et centrée sur les populations. Vous avez le pouvoir de rompre avec des siècles d’extraction et de dépendance et de mener une transition vers la solidarité régionale, la création de valeur et l’intérêt général. Nous vous appelons à saisir cette occasion pour bâtir un avenir qui honore les populations, le potentiel et les promesses de l’Afrique australe.
Organisations signataires:
Publish What You Pay |
Power Shift Africa |
Southern Africa Resource Watch |
African Resources Watch (AFREWATCH) |
ASADHO, Association Africaine de défense des Droits de l’Homme, DRC |
Resource Matters, DRC |
Centre National d’appui au développement et à la participation populaire, CENADEP, DRC |
Publiez Ce Que Vous Payez Madagascar (PCQVP MG), Madagascar |
Transparency International – Initiative Madagascar (TI-MG), Madagascar |
KMF/CNOE Education des Cityens à Madagascar ou Comité national d’observation éléctorale, Madagascar |
Centre for Environmental Policy and Advocacy (CEPA), Malawi |
Natural Resources Justice Network, Malawi |
Nyika Institute, Malawi |
Publish What You Pay Malawi |
Centro de Integridade Pública (CIP), Mozambique |
Actions for Democracy and Local Governance (ADLG), Tanzania |
Governance and Economic Policy Centre, Tanzania |
Governance Links Tanzania,Tanzania |
Zimbabwe Environmental Law Organisation (ZELA), Zimbabwe |
Jamaa Resource Initiatives, Kenya |
Citoyens Actifs pour la Justice Sociale (CAJUST), Senegal |
Coalition Malienne Publiez Ce Que Vous Payez (PCQVP-Mali), Mali |
Integrated Social Development Centre (ISODEC), Ghana |
Global Rights, Nigeria |
Aide, Assistance et Développement Communautaire de Côte d’Ivoire (ONG ADC-CI), Ivory Coast |
Community Outreach for Development and Welfare Advocacy (CODWA), Nigeria |
Publiez Ce Que Vous Payez Mauritanie, Mauritania |
Observatoire Mauritanien de lutte contre la corruption, Mauritania |
Centre Régional Africain pour le Développement Endogène et Communautaire (CRADEC), Cameroun |
Publish What You Pay Nigeria, Nigeria |
Motherhen Development Foundation, Nigeria |
Energy Governance Platform (EGP – Formerly KCSPOG), Kenya |
Alliance Globale pour l’Education et le Développement (AGEDE), Niger |
Réseau Progrès et Developpement Humanitaire du Niger (REPRODEVH), Niger |
ONG Jeunesse et Développement, Senegal |
Groupe de Recherche et d’Action pour le Développement Minier Responsable (GRADMIR SENEGAL KEDOUGOU), Senegal |
Force d’Interconnexion pour le Développement Local en Afrique (FIDEL’AFRIQUE), Senegal |
Action pour la Justice Environnementale (AJE), Senegal |
Lumière Synergie pour le Développement, Senegal |
Ligue des Consommateurs du Togo (LCT), Togo |
Action de Développement pour le Bien Etre Sociale (ADBES), Togo |
Association pour l’autopromotion des communautés de base (ACOMB), Togo |
Publiez Ce Que Vous Payez Togo |
ONG PAFED, Togo |
Ecovisionafrik Togo |