Avec le soutien de la William and Flora Hewlett Foundation et du ministère finlandais des Affaires étrangères, les coalitions de PCQVP poursuivent leur travail visant à placer la prise de décisions par les femmes au cœur de la gouvernance du secteur extractif afin que ces dernières puissent en bénéficier.
Alors que la crise mondiale de coronavirus continue de provoquer des bouleversements dévastateurs, une tendance intéressante a été observée : les pays dirigés par des femmes enregistrent de meilleurs résultats en matière de gestion. Bien que de nombreux facteurs soient impliqués dans de tels résultats, l’idée selon laquelle les femmes sont moins capables de diriger que les hommes (surtout en temps de crise) est clairement réfutée dans des pays allant de la Finlande et l’Allemagne à Taïwan voire la Nouvelle-Zélande.
Ces exemples de leadership féminin réussi dans des contextes complexes donnent un élan aux travaux en cours de PCQVP pour promouvoir l’égalité des sexes et les droits des femmes dans la gouvernance des ressources naturelles. Grâce à la reconnaissance du rôle essentiel que les femmes peuvent et doivent jouer dans la gouvernance des industries extractives, et la sensibilisation aux nombreux obstacles qui continuent à se dresser sur leur chemin, PCQVP cherche à faire avancer les possibilités en termes de leadership des femmes dans un secteur où elles sont souvent le moins avantagées (par exemple, au regard des possibilités d’emploi) et où elles assument le plus grand coût des impacts sociaux et environnementaux négatifs.
Vers une gouvernance féministe des ressources naturelles
Un aspect essentiel de la programmation de PCQVP en matière d’égalité des sexes de 2020 à 2022 s’appuie sur les résultats d’un projet pilote de deux ans, lancé en 2018 pour promouvoir une mise en œuvre sensible au genre de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE), un projet mondial multipartite visant à améliorer la gouvernance des ressources naturelles dans plus de 50 pays. L’ITIE est une initiative volontaire avec pour but de mettre régulièrement entre les mains du public des informations sur les aspects de ce secteur complexe et traditionnellement très opaque. Les informations divulguées dans le cadre de l’ITIE comprennent des informations sur les personnes qui obtiennent le droit d’exploiter des mines ou de forer, les conditions de ces contrats, les sommes que les entreprises paient et les gouvernements reçoivent pour les ressources naturelles, ainsi que les autres impacts, tels que les effets environnementaux et sociaux, qui sont à la fois suivis et gérés.
Le projet pilote de PCQVP comprenait une recherche participative avec les membres de PCQVP en Guinée (abritant la plus grande mine de bauxite à ciel ouvert du monde), au Burkina Faso (quatrième producteur d’or d’Afrique) et au Sénégal (un des principaux producteurs de phosphates), afin de découvrir les obstacles et les possibilités d’inclusion des femmes au sein de la gouvernance des ressources naturelles. Le projet pilote a également évalué la compréhension de ces obstacles et opportunités parmi les principales parties prenantes, y compris les représentants du gouvernement, de l’industrie et de la société civile des groupes nationaux multipartites de l’ITIE, qui supervisent la mise en œuvre de l’ITIE ; et au sein du mouvement PCQVP. Les évaluations sur le genre des coalitions de PCQVP dans les trois pays pilotes, ainsi qu’au Ghana, au Nigeria et au Togo, ont confirmé la faible représentation des intérêts et des organisations de femmes au sein des coalitions et de leur programmation, ainsi que dans les plans de travail des groupes nationaux multipartites de l’ITIE et la faible proportion de femmes y siégeant.
Renforcer la participation des femmes à l’ITIE
En juin 2019, pour la première fois en 17 ans, le Conseil international de l’ITIE a adopté une version de la norme ITIE qui fait référence aux femmes et au genre de manière spécifique et importante. La norme encourage désormais la prise en compte de l’équilibre entre les sexes parmi les membres des groupes multipartites. Elle exige des entreprises extractives la divulgation du nombre d’hommes et de femmes employés dans leurs organisations, ainsi que de leurs rôles, et demande aux groupes multipartites de s’assurer d’envisager des moyens d’atténuer les difficultés d’accès aux données de l’ITIE, notamment en matière de facteurs sociaux ou économiques liés au genre. Par exemple, si une femme est incapable de lire ou de payer un ticket de bus pour assister à une réunion, le groupe multipartite doit adopter d’autres méthodes pour qu’elle puisse accéder aux informations de l’ITIE. La norme 2019 établit également un lien entre la mesure dans laquelle l’ITIE a un impact et la mesure dans laquelle la mise en œuvre de l’ITIE a tenu compte des considérations liées au genre.
Au cours des deux prochaines années, les coalitions PCQVP du Burkina Faso, du Ghana, de la Guinée, du Nigeria, du Sénégal, du Kirghizstan et de l’Ukraine utiliseront les conseils du secrétariat de l’ITIE sur les dispositions relatives au genre pour influencer la mise en œuvre de l’ITIE dans leurs contextes nationaux. Par le biais d’études de cas, d’entretiens et d’enquêtes, elles documenteront et communiqueront l’impact de ces dispositions, comme la production de données ventilées par sexe sur les dépenses sociales des entreprises.
En comprenant où et comment l’ITIE peut permettre un impact significatif pour les personnes les plus touchées par l’extraction, nous espérons répondre aux questions suivantes :
- Comment la divulgation de données spécifiques par le biais de l’ITIE peut-elle être utilisée pour transformer l’expérience des femmes dans le secteur extractif ?
- Quelles sont les questions communes sur lesquelles le mouvement des droits des femmes et le mouvement de gouvernance des industries extractives peuvent se mobiliser conjointement pour avoir un plus grand impact dans le monde entier ?
- Quelles dispositions doivent être incluses dans d’autres politiques nationales ou mondiales pour lutter contre les inégalités entre les sexes dans le secteur des industries extractives ?
- La pandémie mondiale offre-t-elle des possibilités de sensibiliser aux droits des femmes et à l’égalité des sexes dans la gouvernance des ressources naturelles, et d’obtenir des engagements plus significatifs de la part des gouvernements ou des entreprises sur ces questions ?
En Ouganda, en Tanzanie et au Mozambique, les coalitions de PCQVP entreprennent des projets visant à explorer les possibilités d’accroître la participation effective des femmes et la prise en compte de leur voix dans les processus décisionnels concernant l’affectation éventuelle des revenus de l’extraction dans les budgets infranationaux. Ces trois pays sont signataires de l’ITIE. Cette recherche est menée dans le cadre d’un projet plus vaste financé par le ministère finlandais des Affaires étrangères afin de faire progresser des politiques fiscales équitables et transparentes pour gérer la richesse générée par l’exploitation des ressources minérales, pétrolières et gazières.
Un programme centré sur les personnes pour une gouvernance transformatrice du secteur extractif
La stratégie Vision 2025 de PCQVP définit un programme centré sur les personnes pour le secteur extractif : un programme qui nous permet d’être informés, influents, entendus et connectés. En concevant ce travail avec les femmes dès le début, nous mettons notre stratégie en action. La norme ITIE 2019 représente une opportunité pour tous les militants conscients que des résultats de développement durables, équitables et réactifs peuvent uniquement être obtenus lorsque les femmes sont entendues et que leurs contributions informent la prise de décision collective.
Alors que les besoins économiques entraînent des engagements en faveur d’une économie à faible émission de carbone, de nombreux pays riches en ressources naturelles sont confrontés à un avenir incertain, qu’ils soient des producteurs de combustibles fossiles établis ou nouveaux, ou qu’ils disposent de gisements de minéraux nécessaires pour stimuler la transition. Quelle que soit leur situation, PCQVP estime qu’ils seront mieux placés pour faire face à ces changements, et aux décisions complexes qu’ils nécessitent, si les femmes qui ont un rôle à jouer dans cet avenir sont en mesure d’avoir de l’influence.