Niger – Le Comité de Pilotage Afrique de PCQVP condamne fermement l’arrestation et les charges portées contre Ali Idrissa dans un contexte de répression sans relâche de la société civile
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Le Comité de Pilotage Afrique de PCQVP condamne fermement l’arrestation et les charges portées contre Ali Idrissa le 14 avril ainsi que la détention continue de six militants arrêtés il y a un mois pour avoir dénoncé un scandale de corruption impliquant de hauts fonctionnaires du ministère de la Défense.
Un récent audit relatif à la gestion des contrats du ministère de la Défense nationale a révélé une série d’irrégularités, notamment le détournement de fonds destinés à équiper l’Armée dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Dans le but de dénoncer ce scandale de corruption impliquant de hauts fonctionnaires, la société civile s’est mobilisée pour manifester son soutien aux membres des forces de sécurité privés de matériel militaire de qualité.
Le 15 mars, un rassemblement pacifique organisé à Niamey, la capitale a été violemment réprimé par les forces de sécurité, entraînant la mort de trois personnes. Entre le 15 et le 17 mars, au moins 15 personnes ont été arrêtées et détenues. La répression a été justifiée par les autorités comme étant nécessaire pour enrayer la propagation de la pandémie de COVID 19. À ce jour, six militants, dont trois membres de PCQVP ainsi qu’un membre du groupe multipartite (MGM) de l’Initiative pour la transparence des industries extractives du Niger (ITIE), sont toujours détenus dans différentes prisons du pays. Moudi Moussa, Mounkaila Halidou, Moussa Tchangari, Habibou Soumaila et Maïkoul Zodi sont poursuivis pour «organisation d’une manifestation interdite et pour complicité de destruction de biens publics, incendie criminel et homicide involontaire», Sani Chekaraou pour «agression contre les autorités du grand marché» « .
Le jeudi 9 avril, Ali Idrissa a été convoqué à la Police Judiciaire à la suite d’une plainte déposée contre lui par l’ancien chef d’état-major de l’armée. Il l’a accusé de diffamation dans le cadre d’un présumé scandale de corruption impliquant le ministère de la Défense. Ali a été maintenu en garde à vue jusqu’au 14 avril, date à laquelle il a été présenté au parquet et remis en liberté sous caution. À cette date, il a été inculpé de «diffamation contre le général de l’armée et l’épouse de l’ancien chef d’état-major» ainsi que de «diffusion d’informations visant à troubler l’ordre public» sur la base de la loi sur la cybercriminalité.
« Il existe un schéma clair de harcèlement des militants anti-corruption au Niger. Nous rappelons qu’Ali Idrissa et plusieurs des militants arrêtés et détenus avaient déjà été pris pour cible dans une vague d’arrestations en 2018 liée à des protestations contre la loi de finances 2018 », a souligné Mutuso Dhliwayo, président du Comité de Pilotage Afrique de PCQVP.
« Alors que des voix dissidentes sont emprisonnées et sous contrôle du gouvernement, au moins 1540 prisonniers auraient été libérés au Niger au cours des dernières semaines, dans le but de soulager la surpopulation carcérale et protéger les détenus contre le coronavirus».
« Nous sommes préoccupés par la détérioration rapide des libertés civiles au Niger au cours de la période récente. Ces incidents s’inscrivent dans le cadre d’une répression plus générale de la société civile, y compris des journalistes et autres dénonciateurs. Plusieurs textes législatifs, tels que la loi très controversée sur la cybercriminalité sont utilisés comme justification pour museler des voix indépendantes qui tentent de faire la lumière sur les actes répréhensibles du gouvernement. L’adoption par le Conseil des ministres d’un nouveau projet de loi visant à intercepter certaines communications transmises par voie électronique le 3 avril illustre encore l’intention des autorités de réprimer la dissidence ».
« Le Niger viole ses obligations internationales en matière de droits humains et compromet sa crédibilité en tant que pays mettant en œuvre l’Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE) en violant le Protocole de la société civile« , a-il ajouté.
« Le recours à la répression des voix critiques n’est jamais une option, encore moins dans le contexte des nombreux défis présentés par la crise pandémique actuelle. Les défenseurs des droits humains doivent plus que jamais être les oreilles et les voix des groupes les plus vulnérables et tenir leur gouvernement responsable. Les autorités du Niger devraient au contraire saisir l’audit comme une opportunité d’engager un dialogue fructueux avec la société civile, en tenant compte de sa demande de transparence.
« Nous appelons le gouvernement du Niger à abandonner sans conditions toutes les accusations portées contre Ali Idrissa et à libérer les six militants détenus depuis le 19 mars ainsi qu’à prendre les mesures nécessaires pour traduire en justice les responsables », a conclu Mutuso Dhliwayo.
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* Ali est un éminent défenseur des droits de l’homme et de la promotion de la transparence et de la responsabilité au Niger. Il est directeur général de l’Independent Press Group, Labari, coordinateur du Réseau des organisations pour la transparence et l’analyse budgétaire (ROTAB) et PCQVP Niger. Ali siège au sein du Conseil d’Administration de PCQVP.